EUROBONDS. « Sarkozy, le teckel de Merkel », titre Marianne. En abdiquant sur le terrain des eurobonds devant Angela Merkel, le président de la république s'est mis l'opposition et certains éditorialistes à dos. Plutôt que d'emboîter le pas aux économistes, qui prônent la nécessité d'une « caution solidaire » entre états membres face à la dette - quitte à se fâcher avec la chancelière en mettant le sujet sur la table des négociations lors du récent sommet « anti-crise » - le gouvernement français a fait le dos rond et provisoirement enterré le projet. A la place, il intègre dans son programme un outil de rigueur budgétaire qui ne dit pas son nom, la fameuse « règle d'or » sur les déficits. Ce faisant, il obéît à la stratégie de l'Allemagne, laquelle refuse pour l'instant de voir ses taux d'intérêt grimper au nom de la solidarité européenne - et ne veut pas entendre parler d'eurobonds. En matière de politique économique, dur dur de s'émanciper du grand voisin allemand.
LIBYE. « Le triomphe de Sarkozy, la honte de Merkel », affirme, de l'autre côté du Rhin, le réputé hebdomadaire Der Spiegel. La prise de Tripoli par les Rebelles du CNT et la chute du régime Kadhafi est interprétée comme un franc succès diplomatique pour Nicolas Sarkozy, instigateur d'une intervention de l'Otan aux côtés des révolutionnaires lorsqu'à la mi-mars, le « Guide » libyen était sur le point d'écraser la rebellion dans son pays. Et une claque pour Merckel : l'Allemagne a préféré ne pas en être, moultes arguments à l'appui. Une décision catastrophique, selon Spiegel : « la crédibilité de l'Allemagne en tant que défenseur des droits de l'homme et de la démocratie est endommagée ». Et de continuer : le cas de la Lybie « nous montre qui est le patron en Europe : la France, et non l'Allemagne ». La France, les Etats Unis et l'Angleterre ont apporté leur contribution au changement en Libye, parce qu'ils ont su évaluer les risques d'une intervention. L'Allemagne, qui s'est abstenue sur le plan militaire (pour de mauvaises raisons ?) devra palier cette absence au moment de la reconstruction du pays. Du moins ne sera-t-elle pas en position de force pour négocier le montant de sa participation à l'effort qui s'annonce.
COMPLEXE. Suprématie économique, suprématie diplomatique : si la classe politique française demeure fascinée par le modèle allemand, nos voisins nous envient un rayonnement diplomatique dont la république fédérale ne parvient à se doter. Qui est le teckel de qui ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire