Quand le triathlète Rasmus
Henning affrontera ses compétiteurs à Hyde Park, le 4 août
prochain aux J.O. de Londres, il portera des chaussures développées
dans un laboratoire allemand. Comme bon nombre de fabricants, son
équipementier a fait appel à l’Institut de biomécanique et
d’orthopédie de l’Université du sport de Cologne pour mettre au
point un modèle innovant, visant à améliorer les performances et
réduire les risques de blessure. « Il existe une forte demande de
la part de l’industrie à l’égard des universités », explique
le Dr. Björn Braunstein, chercheur à l’Institut de biomécanique
et d’orthopédie. « Les fabricants sont très attentifs à nos
travaux et nous sollicitent pour l’évaluation de leurs produits
».
En introduisant le concept de chaussure
minimaliste, qui limite les entraves artificielles au mouvement
naturel des articulations, l’institut est à l’origine d’une
petite révolution dans le secteur. Et fait autorité auprès des
marques en matière de recherche et développement. Ainsi la Deutsche
Sporthochschule (DSHS) ne concentre pas moins de 20 instituts dédiés
à la recherche fondamentale sur le corps en mouvement. S’y
côtoient des disciplines aussi diverses que la biochimie, les
sciences de l’entrainement, l’informatique du sport ou les
sciences sociales, avec pour socle commun la médecine du sport. Les
projets de coopération industrielle représentent une activité
secondaire : « l’innovation est question de survie économique
pour les fabricants et répond à des impératifs commerciaux »,
tempère Björn Braunstein. « Notre travail ne se limite pas à
optimiser la performance : il vise à comprendre les mécanismes ».
Institution unique en Allemagne, la
DSHS peut s’appuyer sur une mosaïque de compétences et de
spécialités combinées dans un dispositif d’excellence. « Nous
avons une approche biomécanique ou physiologique du mouvement, quand
nos collègues l’appréhendent sous ses aspects cognitifs ou
neurologiques », analyse M. Braunstein. « Porter des regards
différents sur le même problème est très important ». Grâce à
des collaborations transversales, quantité de données sont ainsi
confrontées. Et les athlètes se bousculent dans les labos de
la SpoHo : « d’un unijambiste multi-médaillé aux jeux
paralympiques à l’équipe nationale de sprint masculine, la
diversité de nos modèles d’étude est infinie », se félicite le
chercheur. En retour, athlètes et entraîneurs viennent glaner un
diagnostic souvent riche en enseignements, qui leur permettra
d’identifier une carence ou de déconstruire un automatisme.
Investis d’une mission de santé publique, les chercheurs de la
DSHS se penchent aussi sur les conditions d’émergence de la
performance sportive. « Au regard des ressources disponibles il
subsiste dans nos pays une marge de progression insoupçonnée »,
promet le Dr. Braunstein.
Publié dans Paris Berlin n°77, juin 2012
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