mercredi 25 juillet 2012

A l'Université du sport, le corps dans tous ses états


Quand le triathlète Rasmus Henning affrontera ses compétiteurs à Hyde Park, le 4 août prochain aux J.O. de Londres, il portera des chaussures développées dans un laboratoire allemand. Comme bon nombre de fabricants, son équipementier a fait appel à l’Institut de biomécanique et d’orthopédie de l’Université du sport de Cologne pour mettre au point un modèle innovant, visant à améliorer les performances et réduire les risques de blessure. « Il existe une forte demande de la part de l’industrie à l’égard des universités », explique le Dr. Björn Braunstein, chercheur à l’Institut de biomécanique et d’orthopédie. « Les fabricants sont très attentifs à nos travaux et nous sollicitent pour l’évaluation de leurs produits ». 

En introduisant le concept de chaussure minimaliste, qui limite les entraves artificielles au mouvement naturel des articulations, l’institut est à l’origine d’une petite révolution dans le secteur. Et fait autorité auprès des marques en matière de recherche et développement. Ainsi la Deutsche Sporthochschule (DSHS) ne concentre pas moins de 20 instituts dédiés à la recherche fondamentale sur le corps en mouvement. S’y côtoient des disciplines aussi diverses que la biochimie, les sciences de l’entrainement, l’informatique du sport ou les sciences sociales, avec pour socle commun la médecine du sport. Les projets de coopération industrielle représentent une activité secondaire : « l’innovation est question de survie économique pour les fabricants et répond à des impératifs commerciaux », tempère Björn Braunstein. « Notre travail ne se limite pas à optimiser la performance : il vise à comprendre les mécanismes ».

Institution unique en Allemagne, la DSHS peut s’appuyer sur une mosaïque de compétences et de spécialités combinées dans un dispositif d’excellence. « Nous avons une approche biomécanique ou physiologique du mouvement, quand nos collègues l’appréhendent sous ses aspects cognitifs ou neurologiques », analyse M. Braunstein. « Porter des regards différents sur le même problème est très important ». Grâce à des collaborations transversales, quantité de données sont ainsi confrontées. Et les athlètes se bousculent dans les labos de la SpoHo : « d’un unijambiste multi-médaillé aux jeux paralympiques à l’équipe nationale de sprint masculine, la diversité de nos modèles d’étude est infinie », se félicite le chercheur. En retour, athlètes et entraîneurs viennent glaner un diagnostic souvent riche en enseignements, qui leur permettra d’identifier une carence ou de déconstruire un automatisme. Investis d’une mission de santé publique, les chercheurs de la DSHS se penchent aussi sur les conditions d’émergence de la performance sportive. « Au regard des ressources disponibles il subsiste dans nos pays une marge de progression insoupçonnée », promet le Dr. Braunstein.

1 commentaire: