vendredi 16 août 2013

Un dimanche à Montreuil

La colère gronde au foyer Bara. En ce dimanche 28 juillet, au premier tour de l’élection présidentielle, l’épicentre de la communauté malienne de Montreuil ne connaît qu’un seul refrain : «pas de carte». En cause, la distribution chaotique des cartes biométriques Nina – sésame pour aller voter – par les services consulaires du Mali en France, où résident officiellement quelques 200 000 ressortissants. Ces dysfonctionnements créent le soupçon de la fraude organisée. «Pour les 400 habitants recensés au foyer Bara, seules 17 cartes d’électeur ont été distribuées» gronde un délégué du foyer. «17 ! Priver un citoyen de sa carte d’électeur, c’est déjà une fraude !». Attablé à la terrasse d’un café à quelques mètres de la rue Bara, Adama Traoré ne s’embarrasse pas de langue de bois. «J’ai tenté en vain d’organiser un boycott du scrutin en France. Que les gens votent au Mali, d’accord, mais qu’on ne nous dise pas que les Maliens en France auront participé. Ces élections sont une mascarade». 

Tous n’ont pas un avis aussi tranché. A la colère de n’avoir pu voter se mêlent la résignation et quelques espoirs. «On attend un président qui rétablisse le Mali, qui ne fasse pas de différences entre les Maliens. L’union nationale doit se sceller» confie Makan Magassa, ancien habitant du foyer. «Mieux vaut un président mal élu qu’un dirigeant qui n’a pas de mandat comme le président actuel» reconnaît Adama. Six mois après l’intervention de l’armée française au Nord-Mali et un an après le coup d’état du capitaine Sanogo, la diaspora espère avant tout le rétablissement de la légitimé constitutionnelle au pays.

«IBK» – Ibrahim Boubacar Keïta, favori du scrutin – est au centre des conversations. Comme son principal adversaire Soumaïla Cissé, il n’a pas oublié de faire campagne dans l’est de Paris, à Montreuil et Bagnolet. Vêtus de T-Shirts à son effigie, ses supporteurs arpentent la cour de l’immeuble. «On veut IBK, c’est tout!» lance un militant visiblement enthousiaste, qui n’a pas d’avantage voté que les autres. Premier ministre dans les années 90, président de l’assemblée nationale jusqu’en 2007, le candidat de la France peut-il incarner le changement ? Adama Traoré balaie amèrement cette hypothèse. «IBK traîne beaucoup de casseroles. Il sent le parfum des islamistes, tout en se vantant d’être le copain de Fabius. Hélas les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.»

Un dimanche à Montreuil, premier tour des élections maliennes, le diapo sonore, c'est par là...

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