La colère gronde au foyer Bara. En ce dimanche 28
juillet, au premier tour de l’élection présidentielle, l’épicentre de la
communauté malienne de Montreuil ne connaît qu’un seul refrain : «
pas
de carte». En cause, la distribution chaotique des cartes biométriques
Nina – sésame pour aller voter – par les services consulaires du Mali en
France, où résident officiellement quelques 200 000 ressortissants. Ces
dysfonctionnements créent le soupçon de la fraude organisée. «
Pour les
400 habitants recensés au foyer Bara, seules 17 cartes d’électeur ont
été distribuées» gronde un délégué du foyer. «
17 ! Priver un citoyen de
sa carte d’électeur, c’est déjà une fraude !». Attablé à la terrasse
d’un café à quelques mètres de la rue Bara, Adama Traoré ne s’embarrasse
pas de langue de bois. «
J’ai tenté en vain d’organiser un boycott du
scrutin en France. Que les gens votent au Mali, d’accord, mais qu’on ne
nous dise pas que les Maliens en France auront participé. Ces élections
sont une mascarade».
Tous n’ont pas un avis aussi tranché. A la colère de n’avoir pu voter
se mêlent la résignation et quelques espoirs. «
On attend un président
qui rétablisse le Mali, qui ne fasse pas de différences entre les Maliens. L’union nationale doit se sceller» confie Makan Magassa, ancien
habitant du foyer. «
Mieux vaut un président mal élu qu’un dirigeant qui
n’a pas de mandat comme le président actuel» reconnaît Adama. Six mois
après l’intervention de l’armée française au Nord-Mali et un an après le
coup d’état du capitaine Sanogo, la diaspora espère avant tout le
rétablissement de la légitimé constitutionnelle au pays.
«IBK» – Ibrahim Boubacar Keïta, favori du scrutin – est au centre des
conversations. Comme son principal adversaire Soumaïla Cissé, il n’a
pas oublié de faire campagne dans l’est de Paris, à Montreuil et
Bagnolet. Vêtus de T-Shirts à son effigie, ses supporteurs arpentent la
cour de l’immeuble. «
On veut IBK, c’est tout!» lance un militant
visiblement enthousiaste, qui n’a pas d’avantage voté que les autres.
Premier ministre dans les années 90, président de l’assemblée nationale
jusqu’en 2007, le candidat de la France peut-il incarner le changement ?
Adama Traoré balaie amèrement cette hypothèse. «
IBK traîne beaucoup de
casseroles. Il sent le parfum des islamistes, tout en se vantant d’être
le copain de Fabius. Hélas les gens ne voient pas plus loin que le bout
de leur nez.»
Un dimanche à Montreuil, premier tour des élections maliennes, le diapo sonore, c'est par là...
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